Les manifestations du néo-colonialisme en Afrique

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Le nĂ©ocolonialisme est l’autoritĂ© d’une ancienne puissance coloniale sur le pays qu’elle a colonisĂ©. Les multinationales, le vol de richesses, le maintien de la population sous les ordres d’un dictateur : Ne serait-ce pas lĂ  les effets du nĂ©ocolonialisme ?

L’appauvrissement des populations de ces pays autrefois colonisĂ©s est le rĂ©sultat de ce système. En retraçant la naissance et les dĂ©buts du nĂ©ocolonialisme, nous verrons comment ce système s’est Ă©tabli dans les anciens pays colonisĂ©s et quelles sont les consĂ©quences de cette pratique qui sĂ©vit dans plusieurs pays.

La genèse du néocolonialisme

Les annĂ©es 50 et 60 ont menĂ© Ă  la fin de la colonisation, qui a laissĂ© son empreinte. En effet, plusieurs pays veulent se libĂ©rer du joug colonial europĂ©en. Les principales dĂ©colonisations ont lieu en Afrique. Le continent est aux mains des EuropĂ©ens depuis la ConfĂ©rence de Berlin (1884-1885), qui a scellĂ© le division des terres africaines. Le lien Ă©troit qui unit la France et les pays africains autrefois colonisĂ©s s’appelle l’Afrique française. De l’autre cĂ´tĂ©, l’AmĂ©rique du Sud Ă©tait la « chasse gardĂ©e » des États-Unis. MalgrĂ© le fait que l’AmĂ©rique du Sud n’Ă©tait pas une colonie amĂ©ricaine, les États-Unis voulaient avoir le contrĂ´le de ce territoire.

En 1904, la doctrine Monroe est entrĂ©e en vigueur. Cette doctrine reconnaĂ®t l’indĂ©pendance des anciennes colonies, y compris les nouvelles rĂ©publiques latino-amĂ©ricaines. Mais le TraitĂ© interamĂ©ricain d’assistance rĂ©ciproque (TIAR), signĂ© en 1947 par tous les États amĂ©ricains, permet aux États-Unis de contrĂ´ler l’AmĂ©rique latine. L’AmĂ©rique latine devient alors la « chasse gardĂ©e » des États-Unis.

Mais, en 1961, le rapprochement entre l’ancien chef de l’État cubain, Fidel Castro, et l’Union soviĂ©tique, puis dans la guerre froide contre les États-Unis, met en danger le territoire amĂ©ricain. Depuis le Ă®le de Cuba, les États-Unis craignaient d’ĂŞtre attaquĂ©s par l’URSS. Pour prĂ©venir la « menace » soviĂ©tique, les États-Unis mettent en place un contrĂ´le militaire. La « doctrine de la sĂ©curitĂ© nationale » regroupe des politiques qui ont permis de freiner la popularitĂ© du communisme en AmĂ©rique latine pendant la guerre froide. Ils ont notamment soutenu des coups d’État contre des prĂ©sidents en qui ils n’avaient pas confiance, comme lors du coup d’État de septembre 1973 par Augusto Pinochet contre Salvador Allende. En rĂ©sumĂ©, dès la fin du colonialisme, le contrĂ´le des puissances Ă©conomiques et/ou coloniales sur les anciennes colonies entre en vigueur.

Les méthodes du néocolonialisme

La culture L’Ă©cole est un moyen pour l’ancienne puissance coloniale d’Ă©tendre son pouvoir culturel. Nous pouvons le constater grâce au financement d’Ă©coles oĂą les mĂ©thodes d’enseignement françaises sont utilisĂ©es. Le système Ă©ducatif est donc plus proche de celui de la puissance coloniale, car les pays n’ont pas leurs propres programmes d’Ă©ducation.

De plus, la culture est utilisĂ©e par les anciennes puissances coloniales pour Ă©tendre leur influence sur le pays en question. Par exemple, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) comprend de nombreux pays qui Ă©taient d’anciennes colonies françaises. En outre, plusieurs instituts français permettent d’Ă©tablir l’influence culturelle de la France dans ces pays. En outre, la transmission d’une autre culture implique Ă©galement des films, des Ă©missions de radio, des langues, etc.

La langue

La langue est un moyen important pour la puissance coloniale de renforcer son impact sur le territoire autrefois colonisé.

Par exemple, au Maghreb, le français Ă©crit occupe une place importante dans la sociĂ©tĂ©. Cette langue est utilisĂ©e Ă  l’universitĂ©, dans la littĂ©rature, dans l’administration, etc. Cependant, l’arabe littĂ©ral est Ă©galement utilisĂ© dans des fonctions. De plus, en AlgĂ©rie, il y a eu une politique d’arabisation qui a permis de remettre l’arabe au centre des besoins culturels. Cela lui a permis de devenir la langue officielle du pays. L’Afrique subsaharienne compte la plus forte concentration de pays oĂą le français est la langue officielle ou co-officielle. Cependant, seulement 15 Ă  20 millions d’Africains parlent couramment le français.

En outre, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne ont des langues dĂ©rivĂ©es du français, par exemple le français populaire ivoirien (FPI) est une langue ivoirienne qui reformule les mots du français et crĂ©e de nouvelles expressions.

Il y a aussi des pays qui présentent une situation de diglossie. Par exemple, à Madagascar, le français et le malgache sont en compétition. Le français est répandu dans la société, dans les institutions, dans les milieux plus prestigieux, tels que les universités, la radio ou même la télévision. Bien que le malgache soit utilisé dans des situations courantes et familières et est invisible dans la société.

Les conséquences du néocolonialisme « dette » coloniale

Les anciennes puissances coloniales rĂ©ussissent Ă  contrĂ´ler les anciens pays colonisĂ©s par le biais du secteur financier. Premièrement, les anciens pays colonisĂ©s doivent payer une dette. Cette dette est nĂ©e de la colonisation, lorsque les pays en question se sont endettĂ©s par le biais de prĂŞts, lorsqu’ils ont dĂ» construire leurs nouveaux territoires nouvellement indĂ©pendants. Les taux de cette dette ne font qu’augmenter, ce qui appauvrit ces pays, mais surtout la population qui doit souffrir de ce système. Par exemple, en HaĂŻti, cette dette a subi le nouveau pays indĂ©pendant, qui n’a pas rĂ©ussi Ă  s’en sortir financièrement. Aujourd’hui, 2,5 millions d’HaĂŻtiens sur 11 millions d’habitants vivent en dessous du seuil d’extrĂŞme pauvretĂ©. En 2018, 30 % des jeunes Ă©taient au chĂ´mage et 21,9 % des enfants souffraient de malnutrition.

Puis, en avril 2020, le G20 a dĂ©cidĂ© de suspendre cette dette, en raison de la crise du Covid-19. En effet, cette suspension durera un an. Cependant, certains chefs d’État africains tels que FĂ©lix Tshisekedi de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ou Macky Sall du SĂ©nĂ©gal rĂ©clament une annulation totale de la dette. En outre, les banques europĂ©ennes, basĂ©es en Afrique, n’accordent pas facilement des prĂŞts aux locaux, contrairement aux banques africaines. Ces raisons renforcent ce système nĂ©ocolonialiste qui appauvrit les habitants, mais ne les aide pas Ă  s’Ă©manciper financièrement.

Les ressources des Africains entre les mains de puissances étrangères

De plus, le fonctionnement des entreprises Ă©trangères, qui ne contribuent pas Ă  l’Ă©conomie locale, ne permet pas aux Africains de gĂ©rer leurs propres ressources. Les multinationales et les transnationales, dirigĂ©es par les anciennes puissances colonisatrices, sont principalement Ă  l’origine de cette exploitation. En effet, 80 % des l’Ă©lectricitĂ© produite en France provient de l’exploitation de l’uranium rĂ©alisĂ©e par le groupe français AREVA au Niger.

Il en va de mĂŞme en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, oĂą le sol est rempli de coltan. Ce minerai, qui est utilisĂ© par les grandes multinationales europĂ©ennes, amĂ©ricaines et asiatiques, se trouve dans les tĂ©lĂ©phones. L’exploitation minière, qu’elle soit infantile ou adulte, est courante puisqu’ils ne bĂ©nĂ©ficient pas des revenus, qui sont entre les mains des Ă©lites locales et politiques, qui taxent les exportations de minĂ©raux vers les multinationales depuis le dĂ©but de 2019. Tous ces Ă©lĂ©ments renforcent le nĂ©ocolonialisme qui se produit dans ces territoires.

« Chinafrica » : Une forme d’impĂ©rialisme ?

Depuis plusieurs annĂ©es, nous assistons Ă  l’Ă©mergence de la « Chine Afrique », que certains considèrent comme une forme de nĂ©ocolonialisme de la part de la Chine. En effet, depuis un certain temps, la Chine investit de plus en plus en Afrique et souhaite exercer une certaine puissance douce sur le continent africain. Il y a donc eu pour la première fois en 2018, la crĂ©ation de la chaĂ®ne CGTN Africa, de plus en plus visible sur le continent. Puis en 2017, le lancement du Festival international du film sino-africain a eu lieu. En outre, plusieurs magazines tels que China Daily et Chinafrica ont Ă©tĂ© créés.

En 2017, plus de 10 000 entreprises chinoises sont prĂ©sentes sur le continent africain. En 2018, pour sceller cette alliance entre l’Afrique et la Chine, le chef de l’État chinois a promis 60 milliards de dollars d’aide au dĂ©veloppement de l’Afrique et Ă  l’annulation de la dette des pays africains les moins dĂ©veloppĂ©s, sauf que ces prĂŞts des pays africains Ă  la Chine augmentent leur dĂ©pendance Ă  l’Ă©gard de la puissance chinoise. Ils les rendent donc très vulnĂ©rables financièrement, et ces pays peinent alors Ă  rembourser leur dette envers la Chine.

Mi-2020, la dette des Africains les pays se sont Ă©levĂ©s Ă  365 milliards de dollars. Mais grâce Ă  ces prĂŞts, la Chine est devenue 40 % de la dette de ces pays. En fin de compte, la Chine a prĂ©vu une suspension des paiements des pays les plus pauvres, mais seulement jusqu’Ă  la fin de 2020.

De plus, pour exploiter la richesse de certains territoires, certaines entreprises recourent Ă  des mĂ©thodes douteuses, mettant en danger les populations locales. De plus, en mai 2020, l’ONG Human Rights Watch a dĂ©noncĂ© les mauvais traitements infligĂ©s aux immigrants africains en Chine. Alors que l’Afrique accueille très bien les Chinois.

Comment les Africains conservent-ils et gèrent-ils leurs ressources ?

Les entreprises sud-africaines sont celles qui rĂ©alisent le plus gros chiffre d’affaires (selon les 500 premières entreprises africaines). Mais la crise sanitaire risque de ternir l’Ă©conomie de ce pays qui fait partie des BRICS (groupe des plus importants pays Ă©mergents du monde).

Après le krach boursier de 2016, le gouvernement nigĂ©rian a commencĂ© Ă  intervenir dans l’Ă©conomie de son pays. La mise en place de quotas d’importation, la limitation de l’accès aux devises, ont Ă©tĂ© les principales rĂ©formes entreprises, l’objectif Ă©tant de mettre en place des outils juridiques permettant le dĂ©veloppement d’une industrie nationale puissante. En plus de crĂ©er de nouveaux emplois dans plusieurs secteurs. Le Nigeria souhaite accĂ©lĂ©rer la croissance Ă©conomique, rĂ©duire la pauvretĂ© et crĂ©er de nouveaux emplois.

En outre, la crĂ©ation de la Zone de libre-Ă©change continentale (ZLEC), qui implique des engagements profonds pour libĂ©raliser le commerce en Afrique, entrera en vigueur en 2021. L’objectif est de stimuler le dĂ©veloppement Ă©conomique de l’Afrique.

Selon l’Ă©tude Africa CEOS, suite Ă  la crise du Covid-19, il y aura des progrès en Afrique, en particulier dans le domaine de la numĂ©risation. Il est certain que la numĂ©risation du marchĂ© africain sera prĂ©dominante tant dans le secteur privĂ© (commerce Ă©lectronique, tĂ©lĂ©travail) qu’au niveau du au niveau administratif au cours des prochains mois.

En outre, de nombreuses femmes entrepreneures africaines trouvent le marchĂ© africain attrayant pour y installer leurs entreprises, ce qui dynamise le territoire africain. De plus, en 2020, de nombreux pays africains sont attrayants en termes d’investissement, ce qui accroĂ®t le nĂ©ocolonialisme et pousse les multinationales Ă  s’installer dans ces pays.

CONCLUSION

Bref, les anciennes puissances coloniales continuent de rĂ©gner indirectement sur les pays qu’elles ont colonisĂ©s. Par exemple, en Afrique, la domination coloniale est produite par le contrĂ´le Ă©conomique pour capturer la richesse. Certaines entreprises ont souvent recours Ă  des pratiques illĂ©gales.

En outre, la dette coloniale permet de renforcer leur domination sur Les pays africains. Certains pays africains remboursent cinq fois plus de l’aide qu’ils reçoivent au titre de l’aide internationale. Les taux d’intĂ©rĂŞt et les conditions de cette dette sont immenses. Par exemple, sur 60 milliards de dollars de dette (61% de son PIB), Djibouti doit 6,5 milliards de dollars Ă  la Chine. En outre, certains entrepreneurs africains se font parfois voler leurs innovations par des partenaires europĂ©ens ou ne bĂ©nĂ©ficient pas de l’aide pour dĂ©velopper leurs entreprises.

L’ Ă©cosystème des start-up technologiques kenyanes : penchĂ© vers les Ă©trangers ? En 2017, Kennedy Nganga a lancĂ© Safi Analytics, une start-up de compteurs intelligents, aux cĂ´tĂ©s de deux ressortissants Ă©trangers.2018, la sociĂ©tĂ© a levĂ© 200 millions de capitaux et c’est Ă  ce moment que @laurenedunford a tentĂ© de pousser Ken hors de l’entreprise. pic.twitter.com/EZCTX9QVNL

– Boniface Mwangi (@bonifacemwangi) 20 janvier 2020

Seulement 6 % des startups kĂ©nyanes qui ont levĂ© plus d’un million de dollars en 2019 Ă©taient dirigĂ©es par des locaux.

Les étrangers ont mené 80% des Africains les startups qui ont récolté le plus haut investissement en 2019.

Je voulais écrire à ce sujet depuis longtemps https://t.co/BxEy70sBGI

– Larry Madowo (@LarryMadowo) 18 juillet 2020

L’Afrique est un continent qui se dĂ©veloppe et qui recèle d’entreprises, d’entrepreneurs, d’innovateurs qui peuvent mener le pays Ă  son indĂ©pendance, et dĂ©tacher l’Afrique des liens qui la relient aux anciennes puissances coloniales.

Source de la photo : Liu Rui/GT

Source vidéo : Documentaire Decolonization : Blood and Tears, TheBreach